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Photo du rédacteurMichel Teheux

Scandale de la patience

26e dimanche du temps ordinaire - 29 septembre 2024

Évangile selon saint Marc 9, 38-43.45.47-48



Qui n’a entendu clamer les orgueilleux slogans des possesseurs de vérité ?

Il y a les bons et les mauvais, les détenteurs du vrai et les esclaves de l’erreur, ceux qui ont le droit de parler et ceux qui ont l’ordre de se taire.

 

« Maître, il a fait le bien, mais il n’est pas des nôtres, condamne-le » ! « Laissez l’ivraie et le bon grain pousser ensemble jusqu’au moment de la moisson… » Les hommes sont faits chair et cœur, faiblesse et vie, rigueur et facilité. Ils cherchent passionnément la vérité de leur vie et tolèrent aussi les mensonges et les faux-semblants. Ils marchent en quête d’une terre plus humaine, mais aiment se prélasser dans les compromissions. Nous ne sommes pas dans un pays ou dans un autre, nous vivons dans l’espace mal défini qui sépare deux frontières. « Deux hommes n’ont pas reçu l’imposition des mains, s’écrit un hébreu zélé, et voilà qu’ils prophétisent » !

 

Scandale ! « Moïse, au secours, arrête-les, ils ne sont pas venus à la Tente de la Rencontre « ! Nul ne pet prétendre posséder l’Esprit. Il souffle où il veut, nul ne sait ni d’où il vient ni ou il va. Ceux qui agissent, mus par ce vent incontrôlable, les prophètes et les faiseurs de miracles ne sont pas nécessairement des disciples promus et désignés. Grâce à Dieu, l’Esprit n’est pas enfermé dans les registres de nos sacristies poussiéreuses. Dans l’Église catholique, écrivait Saint Augustin, se trouve du non catholique. Mais on peut aussi trouver du catholique en dehors de l’Église. Beaucoup de ceux qui semblent être en dehors sont dedans ; beaucoup de ceux qui paraissent être dedans sont en dehors ».

 

Personne ne peut prétendre posséder la vérité de Dieu. Les frontières du Royaume ne sont pas balisées et nul n’est assuré d’être le citoyen. Il n’y a pas moyen de se faire naturaliser de ce pays-là : pas même en appliquant un code de vie, pas même en respectant des coutumes et des lois. Le Royaume appartient à ceux qui lui ont fait violence, à ceux qui, le sachant ou non, se laissent posséder par quelque chose de l’Évangile. « Personne, dira Jésus, ne peut faire un miracle en invoquant mon nom et dire ensuite du mal de moi ».

 

Appartiennent au Royaume ceux qui s’ouvrent aux exigences de la Parole. Sont citoyens des temps nouveaux, ceux qui font la vérité en leur vie et tentent, vaille que vaille, de laisser monter en eux le feu de l’Esprit. Exigence radicale, au-delà des lois et des codes, car c’est une parole de vie, un feu qui dévore. Nous voudrions pouvoir dire du Royaume qu’il est ici ou là ; mais nul n’est jamais entré vraiment dans le monde nouveau si ce n’est le Fils unique. Jusqu’au jour où il sera tout en tous, nous ne pouvons qu’essayer de devenir semblables à lui, sans retourner en arrière.

 

Il faut nous décider pour ou contre les exigences de la Parole et en vivre avec humilité. L’histoire des hommes et l’histoire personnelle de chacun sera toujours ce grand jeu d’approche d’une Vérité qui ne sera manifestée vraiment qu’en ce jour-là.

 

Exigence de la Parole qui demande une attention de tous les jours : « ce que vous aurez fait aux plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait ».

Dignité cachée de notre vie quotidienne : là se joue la vérité de notre foi.

Nous voulions dresser des barrières et marquer des territoires ; nous voici renvoyés à la route aléatoire et aux chemins qui se cherchent et s’inventent.

 

La grâce accordée aux croyants sera seulement – mais quel don - d’être assurés que le Royaume existe là où il se construit, là où dans la vérité d’un cœur de pauvre se joue quelque chose de l’Évangile.

 

Michel Teheux



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