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Photo du rédacteurMichel Teheux

Sans bagages

28e dimanche du temps ordinaire - 13 octobre 2024

Évangile selon saint Marc 10, 17-30



Jésus s’en va vers Jérusalem, la ville qui tue les prophètes. Il a tout quitté pour être fidèle à la Parole qui l’a consacré. La passion de Dieu pour les hommes est son seul trésor et pour la perle de grand prix, il a tout vendu. Le Fils s’en va, sans regarder en arrière, ne sachant où reposer la tête. Le pauvre de Dieu ira jusqu’au dépouillement extrême et se laissera coucher sur le bois de la croix.

 

« Va, vends ce que tu as, suis-moi ». Quitte tout. On a envie de dire, ce n’est pas possible. Ce n’est pas humain. Dieu ne sera jamais inhumain. Lorsqu’il demande tout à l’homme, il rend l’homme à lui-même. L’argent, le savoir, la puissance sont autant d’idoles qui peuvent emprisonner l’homme en leur dictature.

Dieu révèle que l’homme est tout pour lui ! Nous n’avons pas besoin de quelque chose d’extérieur à nous-mêmes pour nous enrichir : l’homme est tout pour l’homme. Vends ce que tu as, tu vaux bien plus qu’un moineau ou que le lys des champs.

 

« Quitte tout ». Jésus n’est pas venu désespérer l’homme en exigeant de lui ce qu’il ne peut accomplir. S’il faut se libérer, c’est bien pour marcher, délivrés de toutes entraves, sur le chemin qui même à la vie. Jésus est venu appeler à grandir dans l’amour. « Quitte tout », c’est l’affaire de toute une vie parce que grandir est l’histoire d’une vie. « Vends ce que tu as… » Dans l’ordre de la loi on ne s’imaginer avoir fait son devoir. Dans l’ordre de l’amour, on n’est jamais quitte avec celui que l’on aime. L’amour se vit dans la fidélité qui s’invente chaque jour et qui toujours découvre des horizons nouveaux.

 

« Quitte tout » est un appel à ne pas accepter le piétinement des médiocres, la suffisance des satisfaits, la fausse certitude de ceux qui pensent être arrivés.

« Vends ce que tu as », c’est-à-dire : arrache-toi, ne te laisse pas prendre aux évidences du monde, à la facilité d’une religion bien codifiée. Les mouches se laissent attraper par la glu… Méfie-toi des apparences trompeuses. L’Évangile n’aime pas la poisse, quitte tout, détache-toi de la part de toi-même qui voudrait te retenir.

 

« Va, vends ce que tu as ». Dieu nous pousse dans nos derniers retranchements.

Pour lui, renoncer n’est pas synonyme de perdre. Si nous vendons ce que nos mains veulent encore enserrer, ce n’est pas pour nous retrouver les mains vides, mais pour les voir remplies au-delà de toute attente. Si nous sommes invités à redécouvrir le renoncement comme de vouloir vivre de l’Esprit en nous, c’est pour dire non à tout ce qui nous empêche de vivre en plénitude.

Si nous vendons ce que nous avons durement acquis, ce n’est pas pour partir à l’aventure, mais parce que devant nous, il est une demeure où tout nous sera donné. En attendant, il nous faut marcher libres et sans bagages.

 

Michel Teheux



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