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Photo du rédacteurFrédéric Kienen

« Rabbouni, que je retrouve la vue ! »

30e dimanche du temps ordinaire - 27 octobre 2024

Évangile selon saint Marc 10, 46b-52



Suivons le chemin de la conversion éclairé par la lumière du Christ


Chers frères et sœurs,

 

Aujourd'hui, nous sommes invités à méditer sur la lumière de la foi comme le guide sur le chemin de nos vies. En nous plongeant dans l'évangile de Marc, nous accompagnons Bartimée, cet homme aveugle, mendiant au bord du chemin, qui va nous conduire sur le chemin de la supplication, de l'appel, de la conversion et de la mission. Sa rencontre avec Jésus est un moment de grâce, une révélation qui éclaire son chemin… mais aussi le nôtre. Ainsi, à travers le doux récit de son dernier miracle avant son entrée triomphale à Jérusalem, Jésus ouvre subrepticement nos yeux à la lumière de son dernier enseignement sur les étapes du chemin de conversion.


Tout commence par une supplication, un cri, en réponse à une expérience douloureuse ou à la reconnaissance d’un état de souffrance qui nous empêche d’atteindre le bonheur. Dans son aveuglement, Bartimée ne voit rien de ce qui l'entoure, mais il entend. Et ce qu'il entend, c'est le nom de Jésus, celui en qui il a placé son ultime espoir. Il crie avec force et abandon : « Aie pitié de moi ! » Dans ce cri, Bartimée exprime la supplication de tout homme qui, dans les ténèbres de ses épreuves ou de ses péchés, cherche un guide, une lumière capable de lui une direction à suivre. Il est ainsi notre modèle, car son cri, cri que nous pouvons nous-mêmes exprimer, est la première reconnaissance de sa faiblesse, de sa dépendance à Dieu. Dès lors, acceptons-nous de reconnaître devant Dieu nos pauvretés et de l’appeler de tout notre être pour qu’il vienne à notre secours ? Ainsi, nous comprenons que la supplication de Bartimée est le pas le plus difficile à réaliser, car c’est le premier pas qui révèle notre faiblesse aux yeux du monde, c’est le premier pas de la foi, celui qui nous met en mouvement et nous fait sortir de nous-mêmes pour tendre vers Dieu.


À cette supplication suit la réponse de Jésus. Cette réponse est directe, sincère et inconditionnelle, car elle est pleine de miséricorde. En effet, plutôt que de se détourner, Jésus s’arrête et appelle Bartimée. « Confiance, lève-toi, il t'appelle », lui disent ceux qui accompagnent Jésus. Cet appel à Bartimée résonne dans nos vies comme un appel à nous relever, à abandonner notre condition d’immobilité, nos habitudes, et nos zones de confort pour nous diriger vers le Christ. Cet appel insuffle le courage nécessaire pour nous mettre en mouvement notre corps… le courage pour convertir nos cœurs. Ce courage de la conversion nous engage donc à nous poser les bonnes questions en réponse à cet appel : dans notre vie, qu’avons-nous besoin de « laisser » pour avancer vers le Christ ? Quels attachements, peurs, ou péchés devons-nous abandonner pour nous convertir à une vie illuminée par sa présence ? Pour y répondre, laissons-nous inspirer par la réponse de Bartimée : il laisse son manteau, symbole de sa sécurité et de ses certitudes, et s’avance vers lui. En se détachant de son manteau, il laisse de côté ce qui l’alourdit et l’empêche de suivre le Christ. Cet acte est donc une conversion radicale : il abandonne ce qu’il connaissait pour s’ouvrir à l’inconnu de la rencontre, pour s’ouvrir à la lumière d’une nouvelle relation.


Bon ! Petit récapitulatif rapide à ce stade de notre méditation pour saisir les étapes de ce chemin de conversion : tout part de mon cri auquel Jésus répond, nous appelant ainsi à une réponse sincère de la foi… foi qui révèle maintenant les effets de cette nouvelle relation. En effet, face à Jésus, Bartimée peut exprimer sincèrement son désir le plus simple, le plus intime et profond : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Remarquons que ce n'est pas seulement une demande de guérison physique qu’il exprime, car avec sa foi engagée, il formule également une demande de lumière intérieure, de vision spirituelle. Ainsi, à l’acte de foi de Bartimée, Jésus répond par un acte de foi en Bartimée : « Va, ta foi t’a sauvé ! » La foi devient ici non seulement un acte de confiance en Dieu, mais aussi un chemin de salut. Bartimée retrouve la vue, mais il ne retourne pas en arrière ; au contraire, il choisit de suivre Jésus. Vous l’aurez donc compris… cette lumière retrouvée, c’est celle de la guérison. Toutefois, à cet instant précis, Bartimée reçoit parallèlement une mission implicite : celle d’être un témoin. Ayant reçu la lumière de la foi, il est dorénavant envoyé en mission, comme chaque chrétien, pour témoigner de la même miséricorde de Dieu qu’il a reçue dans sa vie. Sa guérison ne l’enferme donc pas dans une gratitude passive, car elle le transforme en disciple actif, en missionnaire du Christ… ouvrant par la même occasion la dernière étape du chemin de la conversion, celui de l’envoi à l’image de Bartimée qui avance et ne retourne pas sur le bord du chemin. Car, dès maintenant et pour toujours, il se met en marche « à la suite du Christ ».


Pour conclure, chers Frères et Sœurs, cet ultime miracle de Jésus avant d’entrer dans sa Passion, comme un ultime enseignement aux disciples que nous sommes, nous rappelle que la foi n'est pas un point final. Au contraire, elle est un commencement, une mise en route qui doit être renouvelée chaque jour. Marcher à la suite du Christ signifie avancer en laissant derrière nous ce qui nous alourdit, avec la certitude que la lumière de la foi nous guidera dans les ténèbres et sur les chemins inconnus de la vie. En d’autres termes, pour nous aujourd’hui, cette mise en route implique un engagement profond : nous ne sommes plus simples spectateurs de la foi, mais appelés à en être des acteurs, à désirer et à porter la lumière du Christ dans les situations de notre vie quotidienne. Guéris, nous sommes ainsi invités à être cette lumière qui éclaire et guide ceux qui nous entourent, non par nos propres forces, mais grâce à l'amour et à la miséricorde de Dieu. « Va, ta foi t’a sauvé ! » Que ces mots résonnent en nous aujourd'hui, comme un appel à devenir porteurs de la lumière du Christ, guidés par la foi, prêts à avancer, à la suite de celui qui est le chemin, la vérité et la vie.


Amen. Alléluia.

 Frédéric Kienen





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