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Photo du rédacteurMichel Teheux

Pour le monde

7e dimanche de Pâques - 12 mai 2024

Évangile selon saint Jean (17, 11b-19)



C’est l’heure des adieux, l’heure du testament. L’heure des accomplissements, l’heure des choses essentielles.

« Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés » !

Résumé saisissant de l’Alliance et saint Jean pourra dire : « Dieu est amour, celui qui vit dans l’amour connaît Die » !

« Nous, nous avons reconnu été nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous » !

Confession de foi de la première Église émerveillée d’être invitée à partager cette alliance : « nous, nous avons cru que l’amour de Dieu est parmi nous » !

Grâce de la foi, action de grâce des chrétiens en chaque temps : « Dieu demeure en nous, et son amour en nous atteint sa perfection » ! Révélation bouleversante et dont nous n’épuiserons jamais le mystère.

 

Nul mot ne pourra vraiment en dire la profondeur ; pesez donc cette affirmation révolutionnaire : l’amour de Dieu atteint en nous sa perfection ! Il manque quelque chose à Dieu, Dieu n’est parfait que lorsque ce qu’il est – l’Amour sans retenue – trouve un cœur qui lui répond, une vie qui est réponse à une telle proposition ; Dieu est Amour et il n’est lui-même parfaitement que lorsque l’amour répondu, l’amour offert, amour renvoyé. Dieu n’est parfaitement lui-même que lorsqu’en nous il devient vraiment Alliance. « L’Amour de Dieu atteint en nous sa perfection » ! Il est grand le mystère de la foi » !

 

Heure des choses essentielles et heure du testament.

« À l’heure où Jésus passait de ce monde à son Père, il priait ainsi ». Au moment de quitter ce monde, Jésus prie pour ceux qu’il a choisis.

Prière émouvante qui a le goût de la terre : c’est une prière pour le monde.

Prière admirable qui a la saveur de l’éternité : c’est la prière du monde qui se tourne vers Dieu.

 

Prière pour le monde.

Ce mot revient neuf fois en quelques lignes !

Le monde sortit des mains du créateur, mais aussi le monde pécheur et rebelle. Le monde où le Fils établit sa demeure, mais aussi ce monde qui le condamne et le crucifie. Le monde qui fait le tissu de l’Église, mais aussi le monde qui reste étranger à la Bonne Nouvelle.

 

J’ai été envoyé dans le monde, mais je ne suis pas du monde ».

Lorsqu’il prie pour le monde, Jésus ne peut renier les liens de la chair : il a pris sur lui l’homme. Il ne peut non plus oublier ses origines : il est né de Dieu. Dieu est bien plus grand que l’homme et pourtant il ne sait plus se passer de l’homme.

En Jésus, s’est conjugué l’inconciliable, l’éternel et l’ici-bas, l’offre de l’alliance et la réponse parfaite et à l’heure des adieux, lorsqu’il retourne au Père, Jésus ne peut oublier ce qui fait partie éternellement de lui, le monde. « Je prie pour le monde ».

 

Prières pour les disciples : ils devront concilier l’inconciliable, conjuguer le présent et l’éternel.

Leur vie sera faite de la lourdeur de la glaise, mais elle respirera déjà l’Esprit d’éternité.

Ils seront sains en partageant le destin des pécheurs. Disciples au milieu du monde de Celui qui est pour le monde témoin de l’amour éternel du Père. Disciples, témoins de l’Amour : « puisque Dieu nous a tant aimés, nous devons nous aussi nous aimer les uns les autres ».

« Ah ! si l’on pouvait dire de nos vieilles Églises ce que l’on disait de la jeune Église du premier siècle : « Voyez comme ils s’aiment » !

 

Témoins de l’amour ! Non pas d’un amour frelaté qui ne recherche que lui-même, mais amour tourné vers l’autre à l’image de l’amour du Fils unique qui n’existe qu’à regarder le Père et à faire sa volonté.

Non pas un amour fort lorsque tout va bien, mais un amour qui est patience, recommencement, fidélité et pardon.

Non pas un amour romantique, mais un amour qui est engagement, action, qui porte des fruits de justice et de paix.

 

Témoins de l’amour et révélateur du dessein qui traverse l’histoire des hommes.

Révélateurs… comme ce petit rien qui, en chimie, ajouté à tous les ingrédients de l’expérience fait apparaître ce qui était déjà là.

Les chrétiens sont révélateurs de la sainteté du monde puisque Dieu l’aime. Ils sont révélations de la puissance de la charité puisqu’elle est l’amour de Dieu en marche.

Ils sont révélateurs de l’avenir de l’espérance puisque nous sommes faits pour Dieu.

Et si les chrétiens ne sont plus vraiment du monde, c’est bien parce qu’il leur a été donné par grâce de voir le sens de l’histoire.

 

À l’heure des choses essentielles, Jésus nous révélait notre vocation : nous sommes promesse pour le monde. Notre témoignage n’est pas facultatif, il est pour le monde, une question de vie ou de mort, de survie.

 

Michel Teheux



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