Paix à vous !
- Michel Teheux
- il y a 2 jours
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2e dimanche de Pâques - 27 avril 2025
Évangile selon saint Jean 20, 19-31

Ils se sont verrouillés, toutes portes fermées ; la crainte étouffe les frères. Mais quelques semaines plus tard, ils seront sur les places publiques et dans les assemblées pour dire au peuple leur foi. Que s’est-il donc passé ?
Ils étaient morts de peur ; le froid du tombeau avait glacé leur refuge depuis le vendredi o^la pierre avait muré leur rêve.
Ils s’étaient enfermés… En ruminant leur mésaventure, ils se détruisaient, l’espérance les avait quittés et leur vie s’en allait. L’homme n’est pas fait pour s’enfermer, végéter, mourir.
Que s’est-il passé ? Quel souffle nouveau a libéré une poignée d’hommes tristes comme un soir d’enterrement… ?
Il a suffi d’un mot pour que tout recommence !
« Shalom ! la paix soit avec vous » ! Il a suffi d’un mot qui redresse et l’espérance s’est relevée, ressuscitée.
« Je vous donne la paix, avait dit Jésus, non comme le monde la donne ». Ce soir-là, Jésus était au milieu d’eux comme une explosion qui fait sauter les verrous, ceux des esprits et ceux des cœurs.
Mais aujourd’hui comme hier la peur tenaille encore les chrétiens. Peur du monde, dont il faut se garder, car se risquer, dit-on, c’est déjà prostituer sa foi…
Peur de la nouveauté, et on préfère se replier sur la doctrine en oubliant la force vive de l’Évangile…
Peur de dénoncer ce qui avilit l’homme, crainte de contester ce qui le diminue…
Peur qui se voile sous le masque pudique de la prudence ou de la diplomatie…
« Shalom » ! Ce soir-là, ils sont nés, car les portes se sont ouvertes pour laisser enter l’air frais de l’extérieur.
« Shalom » ! La paix que Jésus apporte ne peut s’accommoder de la peur qui bloque la respiration au fond de la gorge.
La paix vit de la joyeuse inconscience de celui qui vit et croit ; elle a l’audace de celui qui a expérimenté l’invisible.
La paix se laisse porter par le souffle de l’Esprit.
« Shalom » ! C’est le mot qui fait vivre l’Église au matin de Pâques !
Le mot des premiers jours, du premier jour de la semaine, le souhait des temps nouveaux.
Et si l’Église ne consacrait pas ce premier jour de la semaine à s’entendre souhaiter le salut de la paix, si l’Église n’avait plus le dimanche pour se rassembler et pour aviver son espérance, vite elle sombrerait dans le tourbillon des semaines qui se succèdent sans aller vers le but.
Premier jour, celui des commencements et de la Genèse, premier jour qui relance la suite des autres et les sauve de l’enchainement infernal du temps.
« Shalom » ! C’est le mot du dimanche !
C’est le mot de la reconnaissance pour la première Église, lorsque les croyants n’avaient qu’un seul cœur et une seule âme. Ils mettaient tout en commun parce que désormais ils avaient pour unique bien cette Paix offerte, cette grâce du premier jour.
« Shalom » ! est l’autre nom de l’Eucharistie puisque la fraction du pain est réconciliation des frères et générosité de Dieu.
« Shalom » ! Il a suffi d’un mot pour que tout recommence.
La foi s’épanouit dans la paix d’un cœur qui, sans preuve ni démonstration, se sent aimé et capable d’aimer.
La foi est comme la vie, qui meurt emprisonnée si elle n’ose plus rêver.
« Shalom » ! Un mot redresse les têtes courbées ; la vie est possible puisque le rêve n’a pu être brisé par une pierre roulée.
L’amour est possible puisque Dieu est fidèle à ses promesses.
« La paix soit avec vous » !...
Un mot fait éclater les verrous mortels, et la foi libérée peut renaître.
Michel Teheux