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Photo du rédacteurMichel Teheux

Elle s’appelait Marie

4e dimanche de l'Avent - Évangile selon saint Luc (Lc 1, 26-38)



Elle s’appelait Marie, la fille d’Anne et de Joachim : elle était d’un bourg de la verdoyante Galilée, promise à Joseph ; sans doute, attendait-elle avec impatience le jour de son mariage : elle vivrait avec lui et avec les enfants qu’elle espérait avoir de lui pour leur fierté et celle de leur lignée.

 

Et voici que dans cette maison si paisible, dans cette vie sans histoire, Dieu fait son entrée. Gabriel délaisse le Temple fait de mains d’hommes pour faire naître Dieu dans l’authentique Maison de David.

 

Marie en est bouleversée. Tout se passe dans le recueillement intérieur d’une jeune femme soudain féconde. Personne ne connaîtra le mystère jusqu’au temps venu. Et dans la maison du silence, Dien enfante encore et toujours Celui qui va naître !

 

« Réjouis-toi, favorisée de Dieu : le Seigneur est avec toi » !

Ainsi commence l’œuvre qui va changer le cours de l’histoire des hommes. Le prophète, jadis, avait invité Jérusalem à se réjouir pour la venue de son Dieu. Ce qui n’était encore pour la Ville Sainte qu’un avenir lointain, devient pour cette fille d’une bourgade perdue le présent immédiat. Ainsi commence la nouvelle : « Tu vas enfanter » !

 

Réjouis-toi, peuple des hommes, favorisés de Dieu : le Seigneur est avec toi ! Ainsi commence la Nouvelle d’aujourd’hui : Toi dont les gestes prometteurs n’engendraient que la stérilité, tu vas enfanter !

 

Naissance d’un enfant dans une maison stérile ? Certains n’y croient pas ; d’autres disent que l’enfant n’est pas de la maison… Oui, beaucoup pensent que l’humanité est incapable de donner naissance à l’Homme nouveau.

Comme seul avenir, l’homme n’a que son désespoir ou sa résignation. Oui, d’autres prétendent que l’enfant n’est pas de la maison : nous avons droit à l’espérance, pensent-ils, mais elle sera pour demain. Comment pourrait-elle être le fruit du pauvre terreau d’humanité ?

 

Les uns comme les autres ignorent le secret du monde ! Il se révèle dans la maison de Nazareth ; il se livre dans le silence d’un cœur soudain fécond. Réjouis-toi ! Tu vas concevoir et enfanter un fils » !

 

Frères et sœurs, réjouissez-vous, la voici votre délivrance !

La Vierge a conçu, et celle qu’on pensait stérile va enfanter !

Vous pensiez que la vie se refermait sur elle-même, voici que retentit la nouvelle : un enfant, la vie, l’avenir, la promesse, la nouveauté, va naître ! Oui, sachez-le, Dieu vient et nous pouvons enfanter l’espérance.

 

Enfanter… Cela suppose donner naissance, éveiller l’existence, faire sortir du néant. Enfanter l’espérance : soyez les semeurs de joie, de paix, de tendresse ; relevez les dos courbés, renouez les mains qui se fuient, affermissez les brais abattus par trop d’échecs, pansez les cœurs lourds de trop de souffrance !

 

Enfanter… Cela suppose mourir. L’enfant qui va naître meurt au bien-être du sein maternel. Devenir soi-même exige renoncement et conversion. L’espérance naît de l’épreuve. Comment pourrions-nous enfanter une espérance plausible si elle n’était qu’insouciance, inconscience devant les difficultés ?

 

Enfanter… Cela repose sur une foi en l’Avenir. Enfanter l’espérance, soyez des irréalistes ! Non pas de doux rêveurs, mais des hommes qui osent croire que l’Amour aura le dernier mot. L’espérance repose sur un enfant né nu sur la terre battue, mort nu sur le bois.

 

Enfanter… N’oubliez pas que c’est concevoir ! Portez en vous un fruit à venir ; seul peut vivre dans l’espérance celui qui a laissé germer en lui le fruit, dans le silence et l’action de grâce. L’espérance se reçoit !

  

Michel Teheux




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