L'Épiphanie du Seigneur — 5 janvier 2025
Évangile selon saint Matthieu 2, 1-12
Chers Frères et Sœurs,
En ce jour où nous célébrons l'Épiphanie, cette magnifique révélation de la lumière du Christ au monde, les Lectures d’aujourd’hui nous racontent une histoire… plus précisément l’histoire de notre mission d’enfants de Dieu, à l’image du Nouveau-Né Jésus qui s’apprête à découvrir le monde. Ainsi, pour nous aujourd’hui, en empruntant les sillons de confiance et d’audace laissés par les rois mages venus d'Orient pour honorer la naissance d’un roi, comme des figures emblématiques pour notre propre quête spirituelle, laissons-les nous inspirer pour entamer notre propre pèlerinage intérieur et missionnaire à l’aube de cette année jubilaire des « Pèlerins de l'Espérance ».
Bon, soyons honnête, comme dans tout commencement, c’est bien le premier pas qui demeure le plus difficile, car il nous engage à nous lever et à partir… sans toutefois discerner directement la route à prendre. Or, c’est en levant les yeux de nous-mêmes, avec les yeux de notre foi, que nous pouvons saisir la direction à prendre, nous permettant ainsi de distinguer le chemin éclairé par la lumière du Christ. C’est d’ailleurs en ce sens que le prophète Isaïe proclame : « Debout, Jérusalem, resplendis ! Elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi. » En réalité, ces mots nous invitent à sortir de nos ténèbres, à laisser derrière nous la peur, le doute et le confort de nos habitudes pour répondre pleinement et librement à l’appel de Dieu. Ainsi, comme les mages guidés par l’étoile, nous sommes appelés nous aussi à lever les yeux, à scruter les signes que Dieu place sur notre route et donc à marcher en confiance avec foi et espérance. Car cette lumière est visible par tous et n’est donc pas réservée à quelques-uns : elle brille pour toute l’humanité. C’est d’ailleurs cette même lumière que nous sommes invités à la porter aux autres… et plus encore en cette année jubilaire.
Tout comme le premier pas demande la confiance, il requiert également de l’audace pour s’enclencher. C’est ce que les rois mages nous enseignent par leur persévérance dans leur quête du Nouveau-Né. En effet, bien que leur pèlerinage ait été long et semé d'embûches, ils ont continué à avancer… toujours guidés par l’étoile. De même, les rois mages ne se sont pas laissés décourager par l’indifférence de Jérusalem ni par les intrigues et la duplicité d’Hérode. Ainsi, leur voyage peut devenir un symbole pour notre propre mission de pèlerins confronté à l’inconnu. Comment ? En osant l’audace ! C’est-à-dire en allant à la rencontre du Christ dans les lieux inattendus, parfois au cœur des situations difficiles, en vue d’offrir ce que nous avons de meilleur. Comment ? En reconnaissant les présents que nous portons nous aussi en nous depuis notre baptême, comme les rois mages : l’or (symbole de la royauté du Christ), l’encens (signe de sa divinité) et la myrrhe (qui annonce sa Passion). Ainsi, ces présents peuvent des signes tangibles de nos propres talents et ressources ; talents que nous sommes appelés à offrir au monde au nom Dieu pour la gloire de son Royaume.
Confiance et audace sont donc les premiers pas qui doivent nourrir notre mission de baptisés en ce début d’année jubilaire. Plus précisément, rappelons-nous que cette mission commence par un pèlerinage intérieur en laissant d’abord le Christ éclairer et guider nos vies pour transformer nos cœurs ; pour ensuite le laisser nous tourner vers les autres en devenant nous-mêmes des porteurs de Sa lumière pour le monde, en devenant des porteurs de justice, de paix et d’amour. Voilà pourquoi nous sommes invités à devenir, comme les rois mages, des « Pèlerins de l’Espérance » en endossant la triple mission qui leur incombe : la mission d’apporter la lumière du Christ là où règnent les ténèbres, par nos paroles, nos actions et notre témoignage de vie ; la mission d’annoncer la Bonne Nouvelle à ceux qui en ont soif, comme les mages qui ont partagé leur découverte en prenant de rentrer chez eux par un autre chemin ; et enfin la mission de suivre l’étoile de Dieu qui nous guide chaque jour, même lorsque le chemin semble obscur ou incertain.
Pour conclure, chers Frères et Sœurs, comme les rois mages, nous sommes appelés à nous lever, à quitter nos zones de confort et à partir en mission avec confiance et d’un pas audacieux. Certes, nous sommes déjà avertis que la route sera sinueuse et remplie de défis à surmonter. Mais comme les rois mages ont dû repartir « par un autre chemin » pour ne pas revenir vers Hérode, ce détour doit surtout nous rappeler que la rencontre avec le Christ change notre direction, transforme notre manière de vivre et nous envoie dans le monde en porteurs de l’espérance.
Que cette année jubilaire des « Pèlerins de l’Espérance » soit donc pour chacun d’entre nous l’occasion de renouveler notre engagement à suivre l’étoile de Dieu, à marcher dans sa lumière et à devenir, nous aussi, cette lumière d’espérance pour les autres.
Amen. Alléluia.
Frédéric Kienen