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« À ta descendance, je te donne ce pays »

  • Photo du rédacteur: Michel Teheux
    Michel Teheux
  • 14 mars
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 19 mars

2e dimanche du Carême - 16 mars 2025

Évangile selon saint Luc 9, 28.b-36



Pour marcher vers Pâques, une allée de témoins. Ces hommes et ces femmes, qui tissent la trame de l’histoire sainte, posent pour nous les jalons d’une route qui traverse les siècles : les cheminements parfois difficiles du projet de Dieu. Premier de cordée, le père de notre foi : Abraham.

 

Abraham partit « et cela, dit l’Écriture, lui fut compté comme justice ». Abraham eut foi en Dieu, il partit sans savoir où il allait… C’était donc la bonne direction, commenta un jour saint Augustin. Abraham, père de notre foi ! la foi qui prend le risque de la confiance, qui s’appuie sur une parole, seule cette foi nous situe dans la mouvance de notre père Abraham.

 

Avec Abraham commence l’aventure de la foi biblique : un homme accepte d’être « capable » de Dieu. Car l’Écriture atteste, en chacune de ses pages, que la foi se vit en régime d’Alliance.

 

« Abraham s’endormit… Alors, un braiser fumant et une torche enflammée passèrent entre les quartiers d’animaux… » Rite ancestral et primitif qui scellait une Alliance. Abraham a préparé le sacrifice, mais le feu de Dieu est seul à embrasser les morceaux d’animaux. Aussi, selon l’antique conception des règlements d’alliance, Dieu sera-t-il seul à encourir la malédiction en cas de félonie ; Dieu prend tout sur lui. Autant dire que l’Alliance ainsi conclue est vouée à la réussite. Telle est, en effet, la foi d’Israël. Et si, durant ce carême, nous nous tournons vers les témoins de l’histoire sainte pour réapprendre Dieu, nous découvrons dans l’action de grâce que notre Dieu tient parole : sa promesse est création.

 

L’Alliance est pour Dieu un engagement. Dieu y a mis tout son amour et c’est pour cela que la promesse qu’il nous fait dit la réalité de notre existence. Lorsque Dieu, par amour, nous appelle pour être ses partenaires, nous devenons ses « correspondants » : nous nous tenons devant Dieu pour lui parler, pour être en relation de familiarité et, en même temps, nous correspondons à ce qu’il désire de nous, nous sommes « à son image et à sa ressemblance ».

 

Avec toute la Bible, nous attestons que Dieu est un Dieu d’Alliance, mais avons-nous bien pris la mesure de cette proclamation de foi ? En prendre la mesure, c’est affirmer que nous sommes voulus par Dieu, désirés par lui. Dire de Dieu qu’il faut de nos ses partenaires, c’est confesser, dans l’action de grâce, que nous manquons à Dieu. Révolution de l’image de Dieu lorsque nous disons qu’il est le Dieu de l’Alliance : Dieu a besoin de nous. Et si nous confessions que Dieu est tout-puissant, il nous faut ajouter que cette toute-puissance est infinie pauvreté et faiblesse puisqu’elle est la toute-puissance de celui qui aime parfaitement et qui, donc, est infiniment pauvre si celui qu’il aime vient à lui manquer. Nous disons de Dieu qu’il est Père, et, en conséquence, il nous fait reconnaître que la perfection de son être ne s’épanouit que dans une relation, celle de la paternité et donc dans la faiblesse et même la souffrance de celui dont la tendresse pour ses enfants est la raison d’exister, la raison d’être.

 

Prendre la mesure de notre proclamation de foi en un Dieu qui fait Alliance, c’est découvrir que la plénitude de Dieu est une dépendance : Dieu est pauvre de nous. C’est aussi découvrir la dignité voilée » de notre vie. Dieu ne fait pas Alliance avec des anges, mais avec des hommes et des femmes pétris de chair et de sang. Ce sont des êtres incarnés qui deviennent partenaires de Dieu. Avec leurs espérances souvent à ras de terre, avec leurs petitesses et leurs mesquineries, avec leurs rêves, avec leurs souffrances et leurs déceptions Dieu ne fait pas Alliance avec nous à condition que nous soyons parfaits ; nous devenons capables de Dieu, c’est-à-dire capables d’amour, de bonté, de perfection, parce que Dieu nous veut en Alliance avec lui. Dieu ne nous aime pas à condition que nous nous convertissions ; mais nous pouvons nous convertir parce que nous savons que nous sommes aimés de Dieu. Dignité de notre existence pauvrement humaine : est le lieu où nous entrons en Alliance avec Dieu. Rien de ce qui est humain n’est étrange à Dieu. « L’homme est une histoire sacrée, l’homme est à l’image de Dieu ».

 

Bouleversement, révolution de notre image de Dieu et de notre manière de vivre notre existence journalière, si nous prenons la mesure de notre foi en Alliance voulue par Dieu.

Bouleversement de l’image de Dieu : un homme lui donne son nom, il sera « le Dieu de Jésus » comme, autrefois, il s’était fait appeler « le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob ».

Bouleversement dans notre manière d’être homme : Dieu, parce qu’il entre en Alliance avec nous, se lie à notre manière de vivre ; il sera le « Dieu des chrétiens ». Notre vie parle de Dieu ou, plutôt, elle parle Dieu, comme on parle une langue. Vie transfigurée à l’image de celle de Jésus de Nazareth qui était tellement en communion avec Dieu qu’il « transpirait » Dieu.

L’Alliance se fait aujourd’hui réalité : par l’Esprit qui convertit nos vies, nous sommes transfigurés ; enfants de Dieu, nous le sommes en vérité.

 

 

Michel Teheux



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